La mise en place du régime
Après l'entrée de l'armée soviétique en Bulgarie, un coup d'Etat est perpétré le 9 Septembre 1944 par des forces antifascistes. A la suite d'un référendum, la monarchie est abolie en septembre 1946 et la "République populaire" est proclamée. Aidé par les Soviétiques, le Parti communiste bulgare de G.Dimitrov, fidèle disciple de Staline, se débarrasse rapidement de ses alliés du Front de la Patrie, puis de toutes les forces politiques du pays en éliminant les opposants tels que l'agrarien Nikola Petkov. Un référendum met fin au règne de Siméon II (1942-1946) et en même temps la fin de la monarchie est proclamée en Bulgarie. Le 1er février 1946, l'oncle du roi Siméon, Kyril est condamné à mort par un tribunal populaire et est fusillé le lendemain matin. Le 16 septembre 1946, le jeune roi Siméon de Saxe-Cobourg quitte la Bulgarie pour un long exil.
Le communisme représentait pour les Bulgares le moyen de participer à la concurrence internationale et d'acquérir une présence à part entière dans le monde. La " construction socialiste " en Bulgarie visait tout d'abord à rattraper un retard. Lors du cinquième congrès (déc. 48) du Parti communiste bulgare, Guéorgui Dimitrov déclara que la Bulgarie devait acquérir en l'espace de quelques années seulement ce que d'autres peuples avaient acquis au cours de décennies ou de siècles. La Bulgarie était un pays isolé au milieu des Balkans. Son agriculture était primitive et son industrie basée essentiellement sur le petit commerce. Les fonctionnaires, qui n'étaient pas acceptés par la population, et réciproquement, jouissaient d'avantages importants, au détriment des besoins du pays.
Limposition d'un modèle qui étouffe le pays
Faisant suite à Gueorgui Dimitrov, Todor Jivkov, déjà secrétaire du parti communiste à partir de 1954, est l'homme fort du pays de 1962 à 1989. Chef de l'État entre 1971 à 1989, sa présence à la tête de la Bulgarie se caractérise par l'absence de troubles jusqu'au décret de décembre 1984 imposant à un million de Turcs la bulgarisation de leurs noms, par une totale allégeance de la politique extérieure à Moscou et par des relations souvent tendues avec la Yougoslavie, qui accusait la Bulgarie de nier les droits de la minorité macédonienne. De la fin des années 1970 à la fin des années 1980, une des priorités de la propagande du Parti communiste bulgare fut de produire des théories à prétention scientifique sur l'origine bulgare de tous les musulmans de ce pays.
La nationalisation totale du secteur économique est décrétée à la fin de 1947, le premier plan quinquennal adopté et la réforme agraire entreprise. Si 80 % des Bulgares ont pu être propriétaires de leur habitation, seuls les chauffeurs de taxi étaient propriétaires de leurs actifs économiques. Dès 1954, les terres agricoles sont déjà complètement collectivisées. Le régime politique et les structures économiques de la Bulgarie et des autres pays de l'Est sont copiés sur ceux de l'URSS.
La Bulgarie a été l'un des États les plus autoritaires du monde communiste quant à l'exercice des libertés de ses citoyens, notamment vis-à-vis de sa minorité turque. Dans le contexte d'un régime totalitaire et de terreur s'appuyant sur l'armée et la police, les libertés publiques ont été réduites à leur plus simple expression : tout ce qui n'était pas explicitement autorisé était interdit. Contrairement à ce qui se passait dans plusieurs démocraties populaires, il n'existait pratiquement aucun mouvement contestataire en Bulgarie. Le Parti communiste, seul détenteur du pouvoir, maintenait un contrôle étroit sur la vie politique et culturelle. La politique était irresponsable et chaotique, la justice corrompue, le journalisme servile. L'intelligentsia vivait dans la peur et la misère et la population était gagnée par l'ennui et la paralysie. Des milliers d'industriels, hommes politiques et intellectuels bulgares ont été exécutés ou enfermés dans les camps et les prisons.
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